Heurs et malheurs de ma 403

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Seb35
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Heurs et malheurs de ma 403

Message par Seb35 »

En mars 2018, une envie me prend de réaliser mon rêve de gosse : avoir une voiture ancienne, et la même que celle qui était garée dans la grange derrière chez mes parents : une 403 !
Voilà mon odyssée avec celle que j'appelle maintenant Abuela et qui comme les latinos sont hautes en couleur et vous font valser le tango... A tel point qu'on en perd parfois la tête et qu'on en arrive à cette passion qui vous fait les aimer autant que les détester. Car de joies en désespoirs, d'allégresse en colère, elle m'en aura et m'en fait toujours voir... Je ne dois pas être le seul ici...

Armé d'un enthousiasme ravageur et d'un espoir sans fond, je fouille sans répit Le Bon Coin, LesAnciennes.com et je finis par tomber sur celle qui me plait : une 8 CV bicolore crème-bleu clair à 4 000 euros. En plus, elle est roulante et pas trop loin de chez moi. N'étant pas en France à l'époque, mais très loin à l'étranger depuis dix ans, je me dis que "si le destin le veut", je l'aurais, sinon j'en chercherai une autre. J'abuse de la ligne internationale de mon bureau pour tenter de contacter le propriétaire, mais jamais je n'y arrive.
Pas trop sûr de ma bonne idée, je commence à fréquenter le Forum et à y lire le récit épique de restaurations grandioses et motivantes, et me dis que, moi aussi, privé de voiture pendant dix ans, j'aimerais vivre ce plaisir une fois rentré au pays. Et surtout au volant d'une voiture pas comme les autres.

En juin, l'annonce disparaît alors que je m'apprête à me réinstaller en France et je désespère. Puis, quand je rentre définitivement en août, le miracle a lieu : elle réapparaît. Personne ne veut donc de cette voiture ? (C'est là que j'aurais peut-être dû me méfier et cette phrase me reviendra souvent en tête).
Je téléphone, j'ai le propriétaire. Un petit papy qui m'inspire confiance et qui m'explique qu'il a eu un problème de carte grise, qu'il galère pour avoir la nouvelle parce que tout est électronique et qu'il n'y comprend goutte... Bref, je compatis... Parce que j'avais envie de l'avoir cette jolie voiture. On se met d'accord pour qu'il me la garde, je ne négocie même pas le prix (c'était exactement le budget que je m'étais fixé pour une roulante et avec un intérieur pas défraîchi sinon Madame va même pas vouloir monter).

Profitant du départ de ma femme pour les vacances de février, j'organise une virée chez le papy pour voir la voiture avec ma soeur et découvre la bête. Elle n'est pas assurée donc impossible de l'essayer sur route, mais je fais un tour dans l'allée du jardin pour tester les freins et c'est fini. (La moitié de vous qui me lisez doit déjà se délecter de la suite des événements, mais je continue, j'ai besoin d'exorciser...) Assis au volant de cette 403, au volant pour la première fois, je vois mon rêve se rapprocher. Je n'ai rien vérifié car je ne connais en fait strictement rien. Mon but c'est aussi d'apprendre.

Après "l'essai", la voiture me plaît, malgré une peinture pas aussi nickel que sur les photos et un moteur qui fume beaucoup (C'est la condensation due à un arrêt prolongé et au starter, me dit le papy. Le novice le croit...) On se met d'accord pour qu'il m'appelle lorsque la carte grise est faite. Il me dit de prendre une assurance avec le dépannage "O kilomètre au cas-où". Là aussi, j'aurais du mieux écouter...
Je repars avec ma soeur qui a beaucoup de réticence et ne se prive pas de me mettre en garde. Mais aveuglé par ma passion, je ne l'écoute pas assez.

Puis en février, à mon retour des vacances de février où j'étais allé retrouver ma femme et mon fils, le papy m'appelle alors que je viens de rentrer. J'organise un week-end pour aller la chercher. Je l'assure, je prépare un chèque de banque, loue un Air B'N'B sur la route pour rentrer (nous ferons le trajet par les petites routes en deux fois pour ne pas trop fatiguer la voiture). Mon fils va enfin voir la "403" dont parle tout le temps Papa. On arrive chez le papy et je colle ma vignette d'assurance sur la voiture pour aller faire le plein à la station d'à côté. Sur la route, ma femme trouve que la voiture fume beaucoup et est obligée d'ouvrir la fenêtre parce que ça lui fait tourner la tête. Mais n'en faisant qu'à la mienne, je continue. Avec malgré tout, le doute qui persiste jusqu'au moment de payer la voiture.

Puis c'est fait, je donne le chèque. L'ancienne carte grise est rayée avec la mention "27890 km non garantis" et j'ai les papiers. C'est ma première voiture. Je prends les clefs, nous montons dans la 403 derrière la voiture de ma mère qui a fait le voyage pour profiter du week-end et ramener mon fils avec elle. La voiture se comporte bien, malgré qu'elle fume pas mal quand on décélère et qu'on change de vitesse. La suspension va bien, les freins font leur travail et la voiture roule sans hoquets ni rien. Elle manque pas mal de puissance dans les montées mais je ne veux pas la pousser. Elle n'est pas rodée.

Nous faisons 150 km sans encombre, elle redémarre nickel et plus elle chauffe moins elle fume. Je me dis que c'est pas mal pour une voiture dont le papy m'avait dit avoir juste refait la segmentation, rodé les soupapes et changé le joint de culasse sans jamais la faire rouler. Ce qui me fera deviner plus tard que c'était en fait une sortie de grange un peu reconditionnée voir "maquillée"...
Nous arrivons à notre destination sans encombre. Je remarque juste sur la route de forêt que les amortisseurs morflent un peu avec les bosses de la route. Je me rassure en me disant que c'est une ancienne, il ne faut pas chercher le confort d'une moderne là-dessus. Ma femme est aussi rassurée après ces kilomètres et commence à trouver sympa dans rouler dans cette voiture.

Le soir, je nettoie l'intérieur de la voiture (je suis maniaque) et je me couche heureux.

Le lendemain, je me réveille à 7h, la boule au ventre. En fait, je ne suis toujours pas rassuré. La pluie de la nuit a coulé dans la voiture au niveau du plancher conducteur. Je ne sais pas d'où ça vient. Je découvrirai plus tard que c'est peut-être à cause de la durite du toit ouvrant ou des joints de porte usés. Je démarre la voiture et trouve comme excuse que je vais aller chercher du pain et des croissants pour la faire rouler. Démarrage au quart de tour, tout se passe bien. Premier créneau en ville avec. C'est sportif ! Ca me rappelle la Polo sur laquelle j'avais fait de la conduite accompagnée.

Je rentre au bercail et nous repartons pour rentrer. 200 kilomètres. La voiture a un bon comportement, je me permets même un petit dépassement de la voiture de ma mère pour essayer. Elle a de la patate. Par contre, ça fume toujours autant.
Sur notre route, nous croisons des gens qui nous font coucou et qui sourit à la vue de la voiture. Je trouve ça super sympa et me redonne confiance dans mon choix de l'avoir achetée.

Nous arrivons de nuit, éclairés par les phares jaunes, c'est génial ! Je gare la voiture dans la cour de notre immeuble n'ayant pas eu le coeur de la garer dans le garage prévu de peur qu'elle soit volée. Paranoïa quand tu nous tiens... Elle y ira le lendemain agrémenté d'une canne pour décourager tous les voleurs qui s'y seraient intéressé.

Les semaines qui suivent, je m'en sers pour aller au travail, faire les courses, bref, je la fais tourner et passe dans un garage pour faire une vidange complète, car l'huile dans la boite et le pont n'est pas la bonne. Je dois remercier les gens du club que j'ai mitraillé de questions concernant cela sur la page Facebook du club.

La vidange faite, je me dis "ça y est, on va pouvoir rouler." D'autant qu'elle avait déjà fait près de 400 kms sans problème, j'étais un tant soit peu rassuré. J'avais aussi réussi à nettoyer le boitier compteur et réparer une panne de fusibles. J'étais euphorique !

Avril, je décide d'aller avec ma belle que j'avais laissé dormir dehors la veille à une exposition de vieilles voitures. Puis, sur la route, au sortir d'un rond-point, elle commence à hoqueter. Mais dès que je redonne des gaz, ça ne le fait plus. La boule au ventre se crée et je commence à flipper.
Je repars de l'expo avec la voiture, je fais un tour, même comportement. Je suis inquiet, mais comme elle ne fait pas tout le temps, je me dis que j'irais voir le garagiste après et qu'elle me faisait des caprices.

Pendant les vacances du printemps, je me dis que je vais emmener femme et enfant en road-trip et finir la soirée chez ma mère pour fêter ça. On part confiant et content de faire enfin un tour tous ensemble.

Sur la route, des trous dans l'accélération sauf en montée et quand je donne beaucoup de gaz. Mais on ne peut pas rouler à fond tout le temps... Je n'ai pas de puissance et l'impression que j'ai le starter en permanence alors que la tirette est poussée.

Arrivé chez ma mère, je fais le plein de 98 sans additif et je redémarre pour aller acheter des cigarettes. Quand je reviens et essaie de la redémarrer : rien. Le démarreur fait "chtung" et puis ça ne part pas. Puis ça ne fait plus "chtung" du tout. J'ouvre le capot. Des gens s'agglutinent, c'est la honte totale. J'appelle un copain connaisseur, il me dit de taper sur le démarreur. (Si seulement je savais où c'était). Je tape sur l'allumeur à la place... (utilité nulle).

(Rires du lecteur)

Puis, il m'explique la technique du démarrage à la poussette. C'est ce qui nous sauvera quelques heures plus tard après avoir laissé la voiture refroidir (j'avais entre lu tout le forum et trouvé que quand la bobine est chaude, il faut attendre ou la remplacer). On m'aide à pousser, la voiture redémarre en seconde nickel et roule vraiment TRES mal. J'essaie de faire le tour de la ville pour la chauffer et ainsi éviter qu'elle ne cale. Je récupère ma femme et mon fils et nous montons. Mes parents tiennent à nous ouvrir la route dans la nuit. Heureusement qu'ils étaient devant. Sinon, ils auraient fini asphyxiés avec toute la fumée que nous dégagions. Nous-mêmes étions à moitié asphyxiés par celle-ci qui semblait parfois se dégager du capot.
Nous arrivons à la maison, je remise la voiture dans la cour. J'ai clairement envie de pleurer.

Le lendemain, la bougresse redémarre direct au démarreur... Je n'y comprends plus rien. Je l'amène chez le mécanicien qui est surpris de me voir arriver. Il m'envoie bouler. Quand je veux partir de chez lui, elle ne veut plus démarrer. Il m'aide en tapant sur le démarreur et elle repart. Il la fait monter dans les tours et enlève les fils de bougie pour voir si ce n'est pas l'allumeur qui a un problème. La bougie du cylindre 1 est visiblement morte (vous découvrirez plus tard que c'était pire que ça). Le collecteur et le silencieux primaire fuient, bref, ce n'est plus une 403, c'est une locomotive que je conduis. Et avec fonction "aquarium" dans l'habitacle...

Quelques jours plus tard, je la lui ramène et là, il me la prend et me dit qu'il va regarder ce qui ne va pas. Mais d'après les réponses que j'ai reçues sur la page FCBK du club et les appels reçus de certains membres qui se reconnaîtront, le verdict est presque tombé : segmentation voire plus...

Ce que je ne savais pas à l'époque, c'est que j'allais devoir apprendre la patience et l'abnégation en la laissant chez ce mécanicien.

Ici commence la partie où les experts vont me dire qu'on n'achète pas une voiture ancienne quand on n'y connait rien (ils ont en partie raison, mais en partie seulement) et où les malheureux novices enthousiastes de la mécanique se reconnaîtront...

Deux semaines plus tard, toujours pas de nouvelles. J'appelle, il a pris les taux de compression et ce n'est pas bon (je ne verrai jamais le petit papier et je comprendrai plus tard pourquoi). Je vais directement au garage, rien. Mais "la voiture est rangée dans l'atelier, ne vous inquiétez pas." (Je découvre plus tard qu'elle ne l'a jamais été et qu'elle attend en fait dehors dans la pluie et et le vent, elle qui rouille et fuit du plancher... avec ça, le capot sera abîmé par des chiures d'oiseaux, elle en garde des séquelles - bon là, j'exagère - ...)

Je commence à m'impatienter et sur les conseils d'une amie secrétaire dans une concession automobile, je décide de retirer ma 403 de ce garage et d'aller voir ailleurs. Je m'y rends pour la troisième fois en personne et là : il a déculassé. Je ne peux plus dire que je veux la récupérer. Le moteur a été rincé. Les pistons sont glacés et la segmentation est foutue. Il vaut mieux fiabiliser la voiture et refaire le moteur. J'ai la sensation de tomber dans un trou.

- ça va coûter combien ?
- dans les 1 500-2 000 suivant si c'est vous ou moi qui cherche les pièces. Si vous venez aider et que vous commandez les pièces, ça ira plus vite et ça vous coûtera moins cher.

Je trouve le deal pas mal et vu que je n'ai pas d'autre choix puisque je ne peux plus aller voir ailleurs je range ma hargne et dit d'accord. J'ai demandé un devis que je n'ai jamais reçu et encore aujourd'hui je ne sais pas à combien va monter ma facture. Je peux toujours en demander un : "On n'a pas eu le temps de le faire, la semaine prochaine on vous le fait..."

Nous sommes en juin et rien n'a bougé. Je profite de la fin de l'année scolaire pour aller voir ce qui se passe et récupérer des pièces que je peux réparer moi-même : carburateur, radiateurs, moteur d'essuie-glace, moteur du ventilo de chauffage etc. Un stagiaire sympa m'aide à tout démonter. Puis, cédant face à mon insistance, j'obtiens une date pour venir déposer le moteur. Je trouve ça plutôt cool de mettre la main à la pâte et d'apprendre. J'ai deux mois de vacances devant moi, je suis tranquille. Profitons-en !

J'apprends ensuite au compte-goutte, et après moult questions sur les travaux à faire lors de mes passages en tant que "stagiaire-mécanique" que je vais avoir besoin d'acheter un kit chemise-piston, puis la fois suivante des coussinets de bielles neufs cote standard, une pochette joint-moteur, puis des coussinets de palier (j'avais fini par remarquer que les anciens étaient bien abîmés), des poussoirs de soupapes neufs (les miens étaient en miettes). En nettoyant la culasse, je découvre que les bougies n'avaient pas été enlevées et même le mécanicien a été surpris de voir qu'elles n'étaient pas les bonnes... Aucune n'était identique et aucune ne correspondait à des bougies de 403. Ce qui m'a fait deviner que les compressions n'ont jamais été prises. "Hercule Poirot, sors de ce corps !"

J'apprends à utiliser la fontaine, je nettoie tout ce que je peux. Ils s'amusent de ce maniaque et novice qui vient faire de la mécanique. Je pars à Lyon en juillet et lui demande s'il aura pu remonter le moulin d'ici mon retour deux semaines plus vu que tout est nettoyé et les pièces arrivées : "Oui, oui, je vais le faire."

Juillet passe et rien n'avance. "Débordé, pris de court, pas le temps... Je vais le faire avant de partir en vacances..." Je me voyais déjà conduisant ma 403 pour aller au bord de la mer et faire des virées en famille... Puis août arrive et rien n'a bougé. Le moteur a été peint, les chemises sorties de leur boite et placées sur le bloc, mais il manque encore les joints d'embase donc il ne peut pas les poser. En fait, il y en avait dans la pochette joints mais personne n'a cherché plus loin que le bout de son nez... Ni lui, ni moi donc zéro balle au centre.

Profitant de mon emploi du temps plus libre en septembre car je me lance en free-lance, je vais faire de la mécanique une fois par semaine. Mais comme ils n'avancent pas sur la partie remontage du bas moteur je ne peux rien faire. Alors je traite la voiture à l'anti-rouille et je remplace les lèche-vitres, je fais des retouches de peinture, je scotche des fils. J'admire aussi les autres voitures dans le garage. Après deux mois passés à travailler sur ma 403, je me sens moins novice qu'avant. Je suis satisfait et je me dis que leur retard est explicable (beaucoup de voitures à réparer) et que je devrais me montrer un peu plus compréhensif et patient. Bref, je compatis... Trop, comme d'habitude.

Puis, vendredi dernier, comme tous les vendredi depuis un mois, je retourne au garage et le mécanicien me dit que son ouvrier va m'aider à remonter le vilebrequin quand il aura fini avec l'autre voiture. J'attends. Je feuillette l'étude technique que j'ai achetée, je cherche les schémas, les couples de serrage... M'étonnant moi-même de comprendre tout ces trucs qui m'étaient totalement étrangers. Je me dis que ça y est. Enfin, on va avancer et pouvoir commencer à remonter.

J'avais aidé à remonter les coussinets de bielles et à passer le bloc moteur à la soufflette. Le vilebrequin est remonté avec un couple de serrage comme celui indiqué sur l'étude technique. On met en place les pistons dans les chemises puis les bielles sur les manetons du vilebrequin. Mais je trouve bizarre que l'ouvrier frappe sur les pistons pour placer les bielles sur le vilebrequin et qu'il utilise les anciens coussinets pour placer correctement les coussinets de bielle sur le vilebrequin. Mais je ne dis rien, je ne suis pas mécanicien. Les quatre pistons et les bielles sont montés. Le vilebrequin ne tourne pas. Il essaie de forcer avec une barre de métal en prenant appui sur le bord du bloc moteur et les masselottes. Si j'étais un personnage de cartoon, je serais celui qui a les yeux exorbités et se ronge les ongles jusqu'aux os en voyant ça...

Je rentre chez moi le midi. Entre temps, le chef d'atelier passe, voit que ça ne tourne pas et demande à son ouvrier de tout défaire pour regarder ce qui ne va pas. Le désespoir monte en moi. Encore une fois...
Puis arrive un petit papy, qui vient taper la discute. Il regarde mon vilebrequin, demande ce qui ne va pas. J'ai envie de dire "beaucoup de choses", mais je me retiens. Puis, le geste assuré, il regarde le machin qui ne tourne pas. Il dévisse avec assurance, enlève les chapeaux de bielle, inspecte, touche, fait la grimace, me demande où sont les anciens coussinets. Je le laisse faire trouvant cela magique. Il appelle le chef d'atelier. Je me dis que ça doit être un vieux mécanicien du garage pour qu'il ose appeler le chef avec cette autorité. Puis le verdict tombe : c'est monté n'importe comment, c'est plein de crasse, qui a fait ça ? Le vilebrequin a été marqué, cette bielle a du jeu et les coussinets sont marqués. Va falloir tout démonter et poncer au papier de 1000 pour récupérer le truc.

Je retombe dans un trou encore plus profond... Moi qui croyais qu'on allait enfin pouvoir remonter... Non seulement on ne pourra pas, mais il faut rattraper la connerie de l'apprenti et en plus, il a abîmé des pièces qui étaient neuves... et qui coûtent cher ! Le chef d'atelier essaie de me rassurer. Je suis entre l'explosion et le désespoir sans fond, incapable de faire un esclandre de peur de tout gripper de cette mécanique fragile qui nous fait travailler. La secrétaire part acheter du papier de 1000 et de 800. Le papy me découpe des bandes et m'explique comment faire. Je me dis que ce n'est pas à moi de le faire. Mais si personne ne le fait, ça ne le sera jamais. Je passe deux heures à essayer de gommer la bêtise de l'apprenti qui n'a pas l'air de se rendre compte de ce qu'il a fait et de ce qu'il me fait endurer...
Le chef me dit qu'on peut rattraper les coussinets et qu'il le fera, mais j'ai peur que ce contre-temps ne dure encore longtemps...

Voilà où j'en suis aujourd'hui de mon aventure avec ma "jamais 4 sans 3". C'est pour ça que ce soir, après un week-end à ennuyer tout le monde avec mes déboires, et deux très mauvaises nuits pleines de cauchemars mécaniques dans lesquels je me retrouve coincé dans un moteur et un atelier où de méchants mécaniciens essaient de me pincer les noisettes dans un étau, j'écris ce sujet pas forcément optimiste, mais qui me permet de dédramatiser. Si je ne le fais pas, certains risquent de finir sous un bloc moteur avec un vilebrequin à l'endroit où l'on assoit...

D'aucuns me conseillent d'appeler un expert à la rescousse pour les presser de finir bien leur ouvrage après avoir constaté les dégâts. Je trouve cela un peu brutal et j'ai très peur de déclencher un conflit potentiellement ravageur...

D'autres me disent d'aller voir ailleurs en les quittant en bons termes, m'acquittant de la facture de ce qui a déjà été fait. Le problème étant de trouver un mécanicien d'un autre garage qui voudra bien récupérer ma 403 en pièces-détachées et essayer de remonter le puzzle... Et de me redonner espoir...

D'autres me diront de finir moi-même puisque je ne suis pas content. Le problème c'est qu'en plus de n'être pas content, je ne suis pas compétent.

Voilà, c'est mon premier billet et j'espère que je pourrai bientôt vous faire part d'autres aventures plus joyeuses et motivantes.
"Jamais 4 sans 3"

john
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Re: Heurs et malheurs de ma 403

Message par john »

Salut Seb et bienvenue,

Franchement, puisque tu es désormais dégrossi en mécanique, finis la toi même ! Au moins tu sauras ce qui a été fait.
http://www.tido.fr/epages/198429.mobile ... cale=fr_FR
403 B8 1958 "swappée" 203 U8...
204 coupé 1969 à remettre en route
504 coupé épave 1971 (pourrait bien revoir la route un jour :mrgreen: )
504 coupé injection 1971

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thorgen
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Re: Heurs et malheurs de ma 403

Message par thorgen »

j'aurais tendance à dire comme John : tu as appris plein de choses en mécanique, donc, tu dois pouvoir terminer le travail toi-même, à condition d'avoir la place, et l'outillage.
Mais si tu n'as pas d'autre véhicule pour tes déplacements quotidiens, c'est plus compliqué...
Est-ce qu'il y a un membre du club près de chez toi ?
Marc

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top50
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Re: Heurs et malheurs de ma 403

Message par top50 »

Pou ma part, j’ignorais que l'on pouvait travailler sur un vilebrequin / coussinets (de bielles) avec du papier abrasif... :lol:

La meilleure méthode n'est elle pas de passer par la "case" métrologie / rectification ?

Et, aussi, de veiller à ce que le vilebrequin soit débouchonner pour un travail convenable et durable.

Mais bon, tout cela à un coût.
"Un ami, c’est quelqu’un qui te connaît tel que tu es, qui comprend qui tu as été, qui accepte ce que tu es devenu, et encore, qui te permet de te développer."
William Shakespeare
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jff403u8
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Re: Heurs et malheurs de ma 403

Message par jff403u8 »

beau récit d'une aventure qui débute et qui sera certainement, émaillée de joies et de tracas, c'est ça une 403...…………. pour le vilo dans le temps les vieux mécanos le faisait au papier à poncer……….avec les moyens du bord, surement moins cher qu'un usinage et un équilibrage en atelier qui m'a couté 800 roros……….

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top50
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Re: Heurs et malheurs de ma 403

Message par top50 »

Tu verras, quand tout sera en ordre, le plaisir sera de la partie.

Je te conseille de prendre patience, de bonnes décisions, de trouver "la bonne personne au bon moment".

Moi aussi, j'ai acheté une voiture avec un moteur "pourri" et de plus non conforme (7CV au lieu de 8CV sur une U5). Moteur fumant à souhait et consommant à l'huile. :D

J'ai tout fait pour que cette voiture retrouve sa jeunesse originale.

Cela a duré plusieurs mois avec des soucis et surtout des joies. Beaucoup de plaisir, au final. Toujours de la partie pour l'une ou l'autre manifestation / rencontre.

Allez courage ! :wink: :wink: :wink: :wink: :wink:
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Seb35
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Re: Heurs et malheurs de ma 403

Message par Seb35 »

top50 a écrit :Pou ma part, j’ignorais que l'on pouvait travailler sur un vilebrequin / coussinets (de bielles) avec du papier abrasif... :lol:

La meilleure méthode n'est elle pas de passer par la "case" métrologie / rectification ?

Et, aussi, de veiller à ce que le vilebrequin soit débouchonner pour un travail convenable et durable.

Mais bon, tout cela à un coût.
De toute façon, même après un ponçage très fin, ça revient pas bien. Le vilebrequin va partir en rectification. Les coussinets sont bien foutus et irrécupérables. Je n'ai pas payé une facture très chère et ça s'est terminé "cordialement". Le nouveau garage qui va s'en occuper me tient au courant pour le devis de rectification chez un motoriste à Laval.

Je n'ai pas les compétences pour faire cela. Le reste, je commence à me débrouiller et c'est vrai que comme tu le dis plus tard, c'est un plaisir. Autant que de rouler en fait.
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Seb35
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Re: Heurs et malheurs de ma 403

Message par Seb35 »

thorgen a écrit :j'aurais tendance à dire comme John : tu as appris plein de choses en mécanique, donc, tu dois pouvoir terminer le travail toi-même, à condition d'avoir la place, et l'outillage.
Mais si tu n'as pas d'autre véhicule pour tes déplacements quotidiens, c'est plus compliqué...
Est-ce qu'il y a un membre du club près de chez toi ?
Malheureusement, à ce stade, c'est hors de ma portée. J'ai révisé moi-même le carburateur 32 PBIC et l'allumeur S.E.V. J'ai aussi changé les lèches-vitres, fait un peu d'électricité, nettoyé la dynamo, les radiateurs, passé du Rustol sur les endroits rouillés sur la caisse et refait des retouches peinture. Le démarreur a été révisé chez un pro. J'ai eu de la chance, la roue dentée de mon démarreur qui était bien abîmée a pu être changée et c'était la dernière qu'ils avaient.

Malheureusement, je n'ai pas de garage pour travailler. Peut-être plus tard quand j'aurai déménagé dans une maison à la campagne. Je louais un box pas loin de chez moi jusqu'à ce qu'elle tombe en panne. J'ai payé six mois de garage pour rien...

J'ai vu deux trois 403 dans le coin (immatriculées dans le 22, le 44, mais pas dans le 35). Elles sont toutes dans d'autres clubs (ARPA Ouest, AVIV et PAPA35) que le Club 403 apparemment puisqu'elles ne sont pas répertoriés sur la page du club et l'Ille-et-Vilaine n'a pas de référent.

J'avais rencontré une famille à Mayenne chez qui j'ai acheté deux vieilles portes pour récupérer un déflecteur. Ils étaient en train d'en refaire une et j'ai aussi lu le blog d'un gars de Saint-Brieuc https://leoblack403.wordpress.com/ , j'irai peut-être le voir un jour.
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Seb35
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Re: Heurs et malheurs de ma 403

Message par Seb35 »

john a écrit :Salut Seb et bienvenue,

Franchement, puisque tu es désormais dégrossi en mécanique, finis la toi même ! Au moins tu sauras ce qui a été fait.
http://www.tido.fr/epages/198429.mobile ... cale=fr_FR
N'ayant ni la place, ni les compétences à ce niveau, j'ai pris le parti de l'envoyer chez un garagiste plus compétent et digne de confiance. J'en ai démarché trois spécialisés dans la restauration de voitures anciennes autour de Rennes. J'ai bien discuté avec eux avant de prendre ma décision. J'ai pris en compte leurs délais, la possibilité de stockage gratuit ou non et ce qu'ils proposaient pour "rattraper" ce qui a été abîmé dans le précédent garage.

Celui que j'ai trouvé est un garage familial ouvert depuis 41 ans dans le même village. Le père et le fils refont des voitures anciennes. Quand je lui ai expliqué l'affaire, il ne m'a pas joué l'enthousiasme insouciant : "Ouais, pas de problème, yakafaucon, c'est pas compliqué etc." donc ça m'a rassuré. Il m'a bien expliqué ce qu'il comptait faire (sous-traiter la rectification et le remontage à un motoriste) puis reposer le moteur et le régler. J'aurai certainement aussi le droit à une vidange du circuit de frein qui est bien sale, par contre mon embrayage est ok. Je sais aussi que ça va approximativement prendre deux mois voire un peu plus. Au niveau du devis, ça va tourner dans les 2-3 000 euros. Etant donné que je ne peux pas le faire moi-même et que j'ai pas acheté cette voiture pour qu'elle pourrisse dans mon garage mais pour potentiellement m'en servir quotidiennement, je suis prêt à payer ce prix pour avoir une réparation qui tient la route.

Après, comme j'ai fait des trucs dessus : carburateur, allumeur, radiateur, dynamo, moteur EV etc. je suis satisfait. Je ne suis plus "ignorant mécanique".
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john
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Re: Heurs et malheurs de ma 403

Message par john »

2-3000 balles pour la réfection d'un moulin (pourri par d'autres), ça ne ma parait pas déconnant.

Bonne nouvelle donc, on espère qu'elle va pouvoir reprendre la route assez rapidement ;)
403 B8 1958 "swappée" 203 U8...
204 coupé 1969 à remettre en route
504 coupé épave 1971 (pourrait bien revoir la route un jour :mrgreen: )
504 coupé injection 1971

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thorgen
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Re: Heurs et malheurs de ma 403

Message par thorgen »

bonne décision : dans deux ou trois mois elle roulera de nouveau :wink:
Marc

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Seb35
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Re: Heurs et malheurs de ma 403

Message par Seb35 »

Me voilà de retour pour vous raconter les heurs de ma 403 qui a repris victorieusement la route en janvier dernier.

Je l'ai récupérée au début de l'année, et j'ai eu un petit frisson quand je l'ai démarré après deux ans à attendre qu'elle soit réparée.

En deux ans, j'ai appris la mécanique et la patience... Mais grâce au Club et à ce forum, je ne suis plus un novice.

Je l'ai conduite chez un spécialiste des carburateurs car mon garagiste n'arrivait VRAIMENT pas à la régler et pour cause : l'axe du papillon des gaz était foutu, ce qui faisait un gros trou d'air, mon condensateur ne marchait pas bien et les bougies étaient merdiques (du NGK pourtant...).

Le spécialiste carbu m'a réglé ça (carburateur et allumage). Il m'a mis des bougies Bosch et un condensateur du même nom, refait le carburateur et calé l'allumage. Après cela, elle tourne comme elle n'avait jamais tourné, c'est-à-dire comme une horloge. C'est tellement silencieux au ralenti que j'ai l'impression qu'elle s'éteint à chaque arrêt.

J'ai fait 500 km avec (une semaine et demi et c'était plié, tellement j'étais enthousiaste) et je suis allé lui faire un petit resserrage de culasse. Après ça, elle a eu la sempiternelle fuite par les vis de la plaque d'admission donc retour au garage pour faire mettre du joint sur les filetages et c'est parti ma cocotte ! Au passage, vidange, filtre à huile et reréglage des culbuteurs et zou !

Les premiers 1 000 km ont été faits assez rapidement aussi : je conduisais avec presque tous les jours, un gros gosse ! Quel bonheur de la démarrer tous les matins et qu'elle parte du premier coup de démarreur... Ma femme, mes deux fils (surtout celui de 4 ans) m'ont suivi et on s'est fait de belles sorties. Mon fils adore jouer dedans et c'est fou ce qu'il fait attention. Il sait que c'est son privilège et qu'à la moindre manipulation grossière et hasardeuse de la voiture, il vole, donc il fait vraiment gaffe, c'est très mignon à regarder.

Évidemment, tout n'est pas parfait dessus, loin s'en faut. Le voyant de pression d'huile reste allumé car le manocontact ne marche plus. J'en ai commandé un neuf au club. L'aiguille de température d'eau passait de 75°C à DANGER d'un seul coup (je pense que c'est quand le calorstat s'ouvre). Sur le coup, j'ai moyennement apprécié... Arrêt d'urgence en pleine forêt, je tournais autour de la voiture comme un fou en touchant le radiateur, les durites, la culasse... Mais ce n'était pas si chaud que ça... A n'y rien comprendre...

Suite à ça, j'ai décidé d'ignorer la gauche de mon tableau de bord. Et puis l'aiguille revenait quand je donnais un coup dans le tableau de bord (méthode bourrin, efficace). J'ai finalement démonté le tableau de bord et j'ai découvert que l'aiguille touchait une petite plaque en plastique de l'instrument ce qui la bloquait dans sa course. Dès qu'elle montait au-dessus de 78°C : DANGER direct. Bref, j'ai caressé l'aiguille de mon tournevis soigneux pour l'incurver légèrement et ça remarche (mais ça se rebloque de temps en temps ces derniers jours. Cela dépend aussi de l'inclinaison du compteur).

Il va sans dire que j'inspectais scrupuleusement le moteur avant chaque départ tel un pilote d'avion et après mes sorties. J'ai d'ailleurs un carnet dans lequel je consigne mes trajets et les kilométrages ainsi que mes observations. Et à chaque fois, le moteur était mouillé juste au dessus du filtre à huile. Mille quenouilles ! Sapristi ! Qu'est-ce donc ? J'ai pourtant fait mettre du joint aux vis de la plaque d'admission ! Je fouille, je cherche, j'excave le forum et je trouve que c'est dû au trop plein d'essence prévu pour dégouliner sur le moteur... Bref, conception étrange de la propreté et de la sécurité vu l'emplacement du truc, mais soit. Je ne m'en inquiète plus, je lui sèche juste régulièrement la coulure pour que ça ne renifle pas le carburant dans l'habitacle quand ça chauffe dur.

Après les 1 000 km de rodage, j'ai fait une folie : 50 km de voie rapide entre Saint-Malo et Rennes (il était 17h et le couvre-feu était à 18h)... J'en avais les mains qui suaient, mais la petite 403 a fait ses 100 km/h sans problème. J'ai même pu dépasser un Combi qui roulait à 90 en bas d'une montée "terrible" (celle d'Hédé pour les connaisseurs) et qui m'empêchait de prendre mon élan. Bougre de Combiniste ! Les conducteurs de voitures modernes en ont pris plein les mirettes !

J'ai pu mettre les mains dans le capot puisque j'ai dû rerégler le ralenti qui s'était déréglé à force (un coup de vis de butée de papillon des gaz, pas touché à la richesse) et le câble d'accélérateur qui s'était détendu (un coup de desserrage de l'écrou, on tire un peu sur le fil et ça remarche correctement). Je calais à tous les arrêts... Pas très pratique... J'ai eu aussi le droit au fil de l'allumeur (celui qui va du rupteur au condensateur) qui a rompu dans l'allumeur... Sympa comme panne, plus de jus, plus d'allumage en plein milieu d'une côte juste après un carrefour sur une départementale bien passante aux heures de sortie des bureaux... Saint-Christophe et mes anges gardiens me suivent en 403... J'ai deux fils dans ma boîte à gants maintenant ! Au-cas-où. L'autre jour, il s'est desserré au niveau de la vis du condensateur le bougre. Du coup, la voiture tournait comme il y a deux ans, me rappelant l'angoisse que c'était de la conduire, mais l'avantage quand on a eu des petites pannouilles, c'est qu'on trouve facilement d'où ça vient après ! (Rester optimiste, toujours !).
Ah oui, j'ai aussi fait du vapor-lock, j'avais revu la durite d'essence avec mon père, mais nous l'avions trop coudé en hauteur et du coup : vapor lock... Bravo les mécanos !
Le mieux, et le plus effrayant : les fils des antibrouillards qui crament le dimanche matin sur la route des croissants... Évidemment, ils n'étaient pas branchés sur des fusibles, c'est plus marrant... Du coup, au premier coup de clignotant, ça et l'humidité = résistance = chauffe = crame = Sébastien sur la route avec son extincteur et le capot ouvert et qui regarde les fils brûler tranquillou... ça s'est éteint tout seul. J'ai tout arraché, débranché. Ce sera à revoir plus tard. Le reste est bon, juste les anti-brouillards que le garagiste n'avait pas rebranchés et moi qui avais oublié qu'il m'avait dit qu'ils n'étaient pas sécurisés... "Ouvre tes oreilles mon gars !"

A part ces quelques péripéties que je prends beaucoup plus sereinement qu'avant maintenant, le reste va bien. La voiture est devenue super souple et j'ai appris à conduire cool. D'ordinaire, je roule dans une Toyota Celica ST20 de 115 chevaux, ce qui fait que j'aime bien accélérer vite et conduire un peu nerveusement. J'arrive même à la faire déraper un peu de l'arrière dans les virages. Mais là... avec la 403, j'ai eu le pied un peu lourd au début et mon porte-feuille en a eu marre de devoir cracher des euros pour de l'essence. Alors j'ai allégé mon pied et réduit ma vitesse... La voiture est BEAUCOUP moins gourmande... 9-10L/100 (c'est une 8CV sans ventilateur débrayable) et 8L si je roule tranquillou avec le vent dans le dos et la voile sortie (on est en Bretagne).

Depuis janvier, j'ai fait près de 3000 km. J'ai traversé de Rennes jusqu'à Auray (280 km AR par les petites routes), j'ai fait la côte d'Emeraude et la baie du Mont Saint-Michel, des virées en Mayenne, en Normandie : un pélerinage à Bagnoles de l'Orne s'imposait ! Je roule avec dès que je peux et je bricole beaucoup dessus. Je me suis équipé de la seringue pour le pont, d'une pompe à graisse, d'une bombe contact (c'est la meilleure amie de la 403) et de beaucoup d'autres choses, sauf un garage... C'est fou comme cette voiture satisfait facilement celui qui en prend soin et c'est un plaisir de bricoler dessus.

Je suis surpris par la maniabilité de l'engin, ce n'est pas du tout un tank. Au contraire, une fois en mouvement, la direction est assez légère (on ne tournera néanmoins pas le volant avec un doigt au risque de le casser... Le doigt, pas le volant.) Le rayon de braquage est génial ! Chez ma mère à la campagne, je suis le seul à rentrer dans le chemin et à me garer dans la cour en un seul coup ! Je les mets minables ! Bande de tractionnistes ! (nouvelle insulte du capitaine Haddock à utiliser pour les gens roulant en voiture à traction avant à rayon de braquage réduit).

Je suis également surpris par le confort des suspensions. Quand on passe d'une Celica à une 403, on voit la différence. Je passe les ralentisseurs plus facilement avec la Peugeot qu'avec la Toyota... Sans jamais toucher les butées. Alors qu'avec l'autre, c'est une fois sur deux. Par contre, je ne passe pas les virages à la même vitesse du coup... Trop peur de perdre une roue...

Ma 403 fuit toujours autant par les ouvertures. C'est une piscine sur roues, mais bon, ça s'est un peu amélioré avec les nouveaux joints de portière que j'ai mis. C'est efficace aussi pour les courants d'air, donc ne négligez pas de les changer en hiver... On a vu la différence. D'autant que le "chauffage"... On dira plutôt le "tiédisseur" . Petit dialogue avec ma femme pour illustrer : "
Chéri, tu peux allumer le tiédisseur ? J'ai froid aux pieds.
- Il est allumé.
- Ah.
- Oui.
- Bon d'accord... "

Autres trucs sur lesquels j'ai travaillé : retourner le ventilo qui était monté à l'envers... Quand les garagistes regarderont les documents qu'on leur amène gentiment... C'est Jean-Marc Rachard oeil de lynx qui a remarqué sur une de mes photos. Heureusement, il ne faisait pas chaud en janvier. Autre bricole : j'ai mis des "gaines tortillons" sur mes fils pour qu'ils ne se baladent pas, isolé des fils pas très neufs, protégé avec de l'antirouille certains endroits sensibles à la corrosion, repeint ma ligne d'échappement, fait le niveau du pont (je vous raconte pas le carnage avec l'huile de ricin qui me coulait sur les mains et mon pauvre entonnoir que j'essayais de boucher avec mon pouce pour que l'huile que je versais dedans veuille bien aller dans le pont et pas dehors... D'où l'investissement dans la seringue de 500 ml... Mon pont fuit. J'en ai la certitude maintenant. Pas beaucoup, mais il fuit. Donc je pourrais rejouer avec la seringue bientôt.
J'aurais aimé faire le niveau de la boîte de vitesse, mais le bouchon de remplissage était trop serré et je n'ai pas réussi à le défaire. Tant pis. Je n'ai qu'à faire plus de sport... Je dois aussi changer le support de boîte, ça vibre trop dans la voiture et je suis pratiquement sûr que ça vient de là ou du pont. Mes silentblocs et autres caoutchouc qui font la liaison trains-pont-carrosserie sont tous à changer de toute façon...

La dernière chose : les essuie-vitres... (rappel du contexte : Bretagne). Je vais devoir changer les miens, ils se barrent... Oui, ils sautent de leur axe et tombent exténués sur le capot. Déjà qu'ils ne font pas ultra bien leur travail quand ils sont accrochés.. si en plus ils se permettent de prendre des pauses... J'ai beau les avoir tordus, retordus, détordus, serrés, resserrés, le circlip à la noix sur l'axe aussi, bref ! Je crois que les axes sont morts et que les bras leur en tombent. Ma femme est maintenant pro du ramassage d'essuie-vitre tombé sur le capot. Elle m'a proposé non sans rire d'ouvrir le toit ouvrant et de les passer elle-même, j'ai répondu avec résignation : "Non merci, ça va aller, je les changerai".

Elle a essayé de conduire la 403, et ma soeur a voulu la démarrer. On a bien rigolé... Jamais démarré une voiture avec starter de leur vie... C'était bidonnant. Je n'aurais pas fait mieux il y a deux ans. J'avoue qu'en tant que passager, je serrais les fesses, parce que ça bouge dans tous les sens et connaissant la bête (la 403, pas ma femme), j'avais une certaine appréhension, mais tout s'est bien passé. Je lui ai promis de lui en acheter une, familiale. C'est le deal si elle veut qu'on ait trois enfants... Gniark gniark gniark !

En conclusion, que du bonheur malgré quelques heurs et quelques frayeurs ! Ce qui est sûr, c'est qu'elle n'est pas à vendre pour bientôt. (On m'a déjà proposé plusieurs fois, avec message sur le pare-brise). NIET ! J'ai pas fini de jouer avec !

Mon rêve serait de traverser un jour jusqu'en Haute-Savoie pour emmener ma mémé en 403 depuis Thonon jusqu'à l'ancienne école de Reyvroz où elle enseignait. Route qu'elle faisait, en 403 !

Mais avant ça : longerons, semelles en S, silentblocs, pivots de fusées et tutti quanti !

PS : j'ajouterai les photos quand j'aurai trouvé comment faire ça sur le forum (car ON TROUVE TOUT SUR CE FORUM !).
"Jamais 4 sans 3"

VAGALAM
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Re: Heurs et malheurs de ma 403

Message par VAGALAM »

Salut Seb
J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ta petite histoire
Bien écrit, et avec humour malgré les misères.
Un petit truc à propos des coussinets, car je ne crois pas avoir vu l'année de ta voiture.
En 1962, les rayons sur les portées de vilebrequin sont passées de 2 à 3 mm.
Donc le montage des coussinets de première génération n'est plus possible sur ces vilebrequins
Par contre, le montage de coussinets 2è génération est possible sur tous les modèles.
C'est une chose que peu de gens savent, apparemment, puisque j'ai déjà levé ce lièvre il y a longtemps.
Un gars refaisait entièrement son moteur et dès qu'il montait ses coussinets, hop, moteur bloqué.
Peut-être que c'est ce qui t'est arrivé, puisqu'il manque une tranche d'histoire :?
Je suis sur les environs de Nantes, on se verra peut-être un de ces jours, qui sait.

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Seb35
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Re: Heurs et malheurs de ma 403

Message par Seb35 »

VAGALAM a écrit :
mar. avr. 13, 2021 6:38 pm
Salut Seb
J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ta petite histoire
Bien écrit, et avec humour malgré les misères.
Un petit truc à propos des coussinets, car je ne crois pas avoir vu l'année de ta voiture.
En 1962, les rayons sur les portées de vilebrequin sont passées de 2 à 3 mm.
Donc le montage des coussinets de première génération n'est plus possible sur ces vilebrequins
Par contre, le montage de coussinets 2è génération est possible sur tous les modèles.
C'est une chose que peu de gens savent, apparemment, puisque j'ai déjà levé ce lièvre il y a longtemps.
Un gars refaisait entièrement son moteur et dès qu'il montait ses coussinets, hop, moteur bloqué.
Peut-être que c'est ce qui t'est arrivé, puisqu'il manque une tranche d'histoire :?
Je suis sur les environs de Nantes, on se verra peut-être un de ces jours, qui sait.
Salut le Nantais !

Ce que tu dis à propos des coussinets est intéressant, mais je pense qu'avec le premier mécano qui m'a massacré le moteur, lui expliquer ça aurait été du domaine de la science-fiction pour lui. Son apprenti ne comprenait que le "si ça passe pas, on force !"

Le motoriste qui a refait le moteur a tout repris et fait faire des coussinets sur mesure après rectification du vilebrequin. Apparemment, le moteur avait déjà été refait une fois. Mais cela devait dater d'il y a certainement déjà longtemps vu l'état dans lequel je l'ai récupéré. Une vignette datant de 1974 (la première !) sur mon pare-brise et des autocollants Fédération Nationale des Véhicules Anciens des Deux-Sèvres sur ma lunette arrière me laissent penser qu'elle a déjà été "collectionnée" il y a une quarantaine d'années ou au moins trente ans...

Eh oui, il faut de l'humour pour passer à travers tout ça. Surtout que c'est la première voiture que j'achète et la première que je restaure alors que je n'en avais nullement le projet... Mais on s'est trouvé, et j'adore cette voiture ! Ma Toyota va faire la gueule, cela fait dix jours qu'elle n'a pas roulé. Elle va toussoter pour me faire comprendre qu'elle est fâchée...

J'ai une partie de ma famille qui habite à Clisson où il y a des rassemblements de voitures anciennes assez sympas il paraît, donc à l'occasion quand on aura le droit de sortir à plus de 10 km, je viendrai faire un tour et on fera dialoguer nos 403 bretonnes.
"Jamais 4 sans 3"

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Seb35
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Re: Heurs et malheurs de ma 403

Message par Seb35 »

john a écrit :
ven. oct. 25, 2019 7:06 am
2-3000 balles pour la réfection d'un moulin (pourri par d'autres), ça ne ma parait pas déconnant.

Bonne nouvelle donc, on espère qu'elle va pouvoir reprendre la route assez rapidement ;)
En fait, plutôt tabler sur le double... Parce que les à-côtés, les imprévus, la TVA dont j'avais oublié l'existence (j'ai vécu 11 ans à l'étranger et j'avais oublié la joie de la TVA) ça fait vite monter la facture. J'ai explosé mon budget et je n'arriverai pas à la revendre en faisant "une petite marge" comme les autres zozos de RMC (je ne citerai pas de nom, mais tout le monde sait de qui je parle même s'il fait semblant de ne pas regarder ces émissions...)

De toute façon, je ne vais pas la revendre de sitôt. J'ai bien l'intention de lui faire faire des kilomètres et de lui faire bouffer des moustiques !
"Jamais 4 sans 3"

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